Les photophores

Combien y avait-il de petites mains, agiles e

t virevoltantes, qui s’agitaient tels des dizaines de papillons sur ce trottoir de Calcutta ? Des dizaines, sans doute. Et autant d’yeux attentifs et rieurs qui suivaient le travail effectué par les doigts souples et adroits. Dans un coin, des photophores de papier, savamment pliés pour offrir une multitude de motifs, attendaient un acheteur potentiel. Je savais que chaque objet était destiné à être mis à l’eau, le long d’un ghat et qu’il descendrait ainsi le courant de la rivière Hooghly en dévotion à quelques dieux ou déesses hindous.

Je m’approchai. Une des fillettes leva la tête. Je demandai la permission de regarder la marchandise. Finalement, au bout d’un certain temps, elle questionna :

– Alors, tu prends lequel ?

– Je ne sais que choisir. Ils sont tous tellement beaux ! Lequel me conseillerais-tu ?

Elle hocha la tête pensive.

– Aucun. Tant que tu n’as pas compris que ce n’est pas la forme qui est importante, mais la lumière qui est à l’intérieur.

copyright Mireille Stegmuller
copyright Mireille Stegmuller
Inde, 8 décembre