La vie n’est qu’une rose
qui s’efface qui s’impose
qui ne dure que ce que durent
les roses
c’est-à -dire un instant
chaque vie n’est qu’une rose
rose parmi les roses
et rien ne la distingue des autres corolles
ni les mots, ni la prose
ni même sa danse dans l’ombrelle du vent
sa vie fut une rose
florescence incandescence
dans la vasque du temps
il en reste peu de chose
à peine un pétale blanc
nos vies sont comme les roses
elles virevoltent et se posent
sur les ailes d’un printemps
mais c’est déjà l’automne
à l’ombre des paravents
derrière les paupières closes
s’effleure le néant
là où l’âme se repose
du mouvement des horloges
de la perte du présent
et dans le monde des roses
trémières ou bien des vents
d’autres fleurs sont écloses
d’autres se fanent tout autant
mais
si la beauté des roses ne persiste qu’un moment
leur parfum, lui, ondoie, vole et se dépose
sur la terre, dans le ciel
éternellement
Textes : Anne-Laure Lovis
Photo : Mireille Stegmuller